Ce n’est pas vraiment un roman, ce n’est pas non plus un essai. C’est un cri, que l’enfant algérien n’a pas émis en naissant, que l’adulte refoule jusqu’à l’étouffement.
Il a des défauts bien entendu, des passages un peu superflus, ou un peu trop rébarbatifs, mais le livre étant formellement court, on n’a pas le temps de les déplorer. « Je demeurai longtemps errant dans Césarée… » Je cite Aragon citant Racine, mais ce sont les propos qui illustrent le mieux ce livre, et l’expérience de vie à Alger. On erre, on déambule, on descend l’avenue Didouche et on la remonte, on va jusqu’à Bab-El Oued (qui, contrairement à l'expression , n’est pas loin du tout), et on longe de nouveau la rive jusqu’au Jardin d’Essais. On marche, ça grimpe beaucoup, on dévale pas mal de pentes aussi. De loin en loin, une vue imprenable, un paysage scandaleusement beau. Petit, Alger, mais dense. Alger, le Cri, est à son image.
Je l'ai lu il y a de ça quatre mois, mais ses mots font encore écho.